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Vivre sur une décharge
? Absurde. Pourtant, certains n'hésitent pas à les convertir en terrain à
bâtir. De préférence sans avertir les
acquéreurs. Catastrophe
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Parents de deux jeunes enfants, Philippe et Bérangère décident de faire construire. Après quelques visites aux alentours de Limoges (87), ils optent pour un terrain d'Aixe-sur-Vienne. Certificat d'urbanisme, permis de construire, plans du pavillon : tout est en règle. Le couple imagine déjà les enfants courant dans le jardin et prévoit de réserver un petit coin de terrain pour les salades et les tomates. Tout va bien, jusqu'aux fondations, lorsque la pelleteuse remonte des pneus, de la ferraille, des ordures en tout genre. Le couple apprend alors que le terrain a été utilisé comme décharge sauvage pendant des années. Le propriétaire des lieux s'était bien gardé de mettre le terrain en vente tant qu'il aurait pu paraître suspect. Fermée à la fin des années 80, cette poubelle géante avait pris le temps de ressembler à un endroit comme un autre, la végétation avait poussé. «Quand nous avons acheté en 2001, c'était une friche, raconte Philippe. Le propriétaire a expliqué qu'il vendait parce qu'il habitait Aix-en-Provence (13). Il vivait trop loin pour entretenir. On n'avait pas de raison de se méfier.» Avec le recul, le couple se souvient d'un courrier du vendeur signalant qu'à sa connaissance, «le terrain avait été l'objet de remblaiements». Rien qui puisse évoquer un dépôt d'ordures. À Aixe-sur-Vienne pourtant, tout le monde savait, en particulier le maire, qui a délivré le permis de construire. Mais personne n'a rien dit. Philippe et Bérangère ont porté l'affaire en justice. Accueil Catastrophe 2 Coulée
d'ordures À Crégy-les-Meaux (77), c'est tout un lotissement qui se retrouve le nez dans la décharge. Quand les terrains ont été commercialisés en 1997, l'immense terrain d'herbe situé le long des parcelles devait être transformé, dès le printemps suivant, en coulée verte avec chemin piéton, espaces verts, jeux pour les enfants, terrain de boules. «Ce qui nous a décidés, c'est la brochure sur papier glacé de l'aménageur. La mairie y détaillait tout son projet de coulée verte. C'était un cadre idéal pour des familles avec enfants. Nous avons acheté au plus près du futur parc», indique Patricia, qui se souvient du prix conséquent de son terrain : 350 000 F pour 500 m2 (53 200 euros), prix justifié par le fameux projet.Aujourd'hui, en guise de coulée verte, les résidents vivent dans un environnement de terrains vagues, surveillés par une sonde placée dans leurs jardins pour détecter les éventuels gaz explosifs. L'écrin de verdure promis était la décharge d'ordures ménagères. Mais cela, personne ne le leur avait dit. Ni le Crédit agricole, ni Foncier Conseil (les vendeurs et aménageurs des terrains), ni la mairie et encore moins la brochure de luxe. Quand les acquéreurs emménagent, nous sommes en 1998. Très vite, de drôles d'odeurs les inquiètent. Au printemps 1999, ça sent le gaz à plein nez. GDF intervient, tout est en règle. Puis les pompiers mesurent de fortes teneurs en méthane. Face au risque d'explosion, ils évacuent le lotissement en urgence. Onze jours plus tard, les propriétaires réintègrent les lieux, après avoir appris que leurs parcelles se situent à quelques mètres de la décharge intercommunale, exploitée jusqu'à leur arrivée. En piochant dans leur jardin, certains découvrent des ordures. Depuis, le lotissement fait l'objet d'une surveillance quotidienne. Impossible de se sentir chez soi. Les techniciens passent relever les sondes. Au cours de l'été 2001, des travaux de cimenterie sont réalisés pour empêcher le gaz de décharge de pénétrer dans le lotissement. Plus question de coulée verte, même si la commune maintient son panneau publicitaire. Entre les pavillons et leurs jardins fleuris, c'est un air de désolation. Parcelles à l'abandon, constructions inachevées, arrivées de tuyaux qui ne mènent nulle part : Foncier Conseil et le Crédit agricole font le service minimum pour l'entretien .Après avoir monté ce projet d'aménagement avec le syndicat intercommunal de gestion des ordures de Meaux et l'exploitant de la décharge Aubine-Onyx, le maire a tourné casaque. En 2000, il refuse un permis à un résident qui voulait agrandir son pavillon. Motifs: «Terrain situé dans un périmètre d'anciennes carrières de gypse comportant des risques d'affaissement, terrain situé dans un périmètre de 200 m autour de l'ancienne décharge de la commune exposée à un risque d'émanations de biogaz.» Autant de défauts qui ne l'avaient pas empêché d'autoriser le lotissement trois ans plus tôt, malgré un avis défavorable de la Direction régionale de l'industrie, de la recherche et de l'environnement. À l'heure actuelle, rien n'est réglé. Compte tenu des risques, le préfet exige un suivi de la décharge sur trente ans. Saisie du dossier l'an dernier, l'Inspection générale de l'Environnement préconise une évacuation définitive des habitations avec une «indemnisation équitable» des habitants. On en est loin : ce ne sont pas les 200 000 F (30 400 euros) de dédommagements négociés par quelques familles avec le Crédit agricole qui permettront de se réinstaller ailleurs. La plupart des résidents ont préféré saisir les tribunaux. Catastrophe
3 Maire
condamné
Elisabeth Chesnais-(www.quechoisir.org); | ||||||||||||||||||||||||||||||||||||||
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