LES ZONES DE PROTECTION DU PATRIMOINE ARCHITECTURAL, URBAIN ET PAYSAGER

(Z.P.P.A.U.P. )

 

 

SOMMAIRE

 

 

I - Qu’est-ce qu’une zone de protection du patrimoine architectural, urbain et paysager ?

Une démarche partenariale de reconnaissance culturelle

Un document contractuel de référence et d’aide à la décision

Un mode de gestion consensuel du territoire

 

                II - La démarche

Définition des enjeux et des objectifs

Identification du patrimoine : des patrimoines très diversifiés

Délimitation d’un périmètre adapté : des périmètres à géométrie variable

Rédaction d’un corps de règles

 

                III - les acteurs et les partenaires

La municipalité et les habitants

L’architecte des bâtiments de France

L’équipe chargée de l’étude

La direction régionale des affaires culturelles

Les autres services compétents 

 

IV - Les modalités de la démarche : procédure et financement

 

 

V - Gestion de la Z.P.P.A.U.P.

Z.P.P.A.U.P. et documents d’urbanisme

Z.P.P.A.U.P. et autres servitudes de protection :

-        les abords de monuments historiques

-        les monuments historiques

-        les sites

-        les secteurs sauvegardés

Régime des autorisations de travaux

Possibilité de recours

Consultance architecturale

 

VI - Les actions opérationnelles : avantages fiscaux et aides financières

 

Le périmètre de restauration immobilière

Les opérations programmées d’amélioration de l’habitat

Les travaux d’intérêt architectural

Les ravalements de façades

Les aménagements urbains

 

VII - Articulation avec d’autres démarches : villes et pays d’art et d’histoire, pôles d’économie du patrimoine, parcs naturels régionaux

 

VIII - À qui s’adresser ?

 

IX - Bibliographie

 

Textes officiels

Ouvrages

 

 

I - Qu’est-ce qu’une zone de protection du patrimoine architectural, urbain et paysager ?

 

 

Cette procédure a été instituée dans le cadre de la loi du 7 janvier 1983, articles 70 à 72,  relative à la répartition des compétences entre les communes, les départements, les régions et l’État et complétée par la loi du 8 janvier 1993, article 6,  sur la protection et la mise en valeur des paysages. Dans le cadre de cette nouvelle répartition des compétences, la politique de l’urbanisme local à  été décentralisée au profit des communes et le rôle de l’État réaffirmé quant aux politiques ayant valeur d’enjeux nationaux, telle celle du patrimoine.

 

Dès l’origine, la création de la procédure des zones de protection du patrimoine architectural, urbain et paysager (Z.P.P.A.U.P.) a été de répondre au souci de simplifier et de rationaliser le système des protections existantes relatives au patrimoine naturel et bâti d’un même territoire. Pour cette raison, l’un des principaux objectifs de cette procédure est de pallier à certaines des insuffisances de la protection des abords de monuments historiques.

 

La politique des zones de protection du patrimoine architectural, urbain et paysager relève de la compétence du ministère de la culture et de la communication, à l’exception des Z.P.P.A.U.P. exclusivement paysagères qui relèvent de la compétence du ministère de l’aménagement du territoire et de l’environnement.

 

Une démarche partenariale de reconnaissance culturelle

 

La mise en place d’une zone de protection du patrimoine architectural, urbain et paysager est une démarche partenariale entre l’État, représenté par le préfet assisté par l’architecte des bâtiments de France, et une ou plusieurs communes aux territoires contigus, partageant les mêmes caractéristiques architecturales et culturelles et soucieuses de protéger et de mettre en valeur leur patrimoine, notion dont le champ n’a cessé de s’étendre ces dernières décennies et qui constitue un lien privilégié entre passé, présent et avenir.

 

Cette démarche moderne et originale de coopération, qui trouvait déjà ses prolongements dans le cadre de la convention de Grenade signée en 1985 par le Conseil de l’Europe intégrant la conservation du patrimoine dans l’aménagement du territoire et l’urbanisme, s’inscrit aujourd’hui totalement et plus que jamais dans les politiques nationales récemment affirmées (loi du 25 juin 1999 d’orientation pour l’aménagement et le développement durable du territoire, loi du 12 juillet 1999 relative au renforcement et à la simplification de la coopération intercommunale et loi du 13 décembre 2000 relative à la solidarité et au renouvellement urbains) encourageant l’intercommunalité autour de projets globaux d’aménagement et de développement durable de l’espace.

 

Un document contractuel de référence et d’aide à la décision

 

Cette démarche se concrétise à travers un document négocié qui comprend, premièrement, un rapport de présentation qui expose les motifs et les objectifs de la création de la zone de protection ainsi que les particularités historiques, géographiques, urbaines, architecturales et paysagères du territoire concerné ; deuxièmement, un corps de règles constitué de prescriptions et de recommandations qui orientent les interventions au regard du contexte général ou particulier des lieux ; troisièmement, un document graphique portant la délimitation de la zone. Une fois approuvé après enquête publique, ce document est opposable au tiers en tant que servitude d’utilité publique qui s’impose aux documents d’urbanisme, notamment aux plans locaux d’urbanisme.

 

Un mode de gestion consensuel du territoire

 

Sur la base du document adopté conjointement par l’État et par la ou les communes concernées, la gestion des transformations de l’espace, bâti ou non, se fait désormais en référence à ce document. Ainsi, tous travaux de construction, de démolition, de déboisement et de modification de l’aspect des immeubles sont soumis à autorisation spéciale lors du dépôt d’une déclaration de travaux, d’un permis de construire ou de démolir. Cette autorisation est accordée par le maire après avis conforme de l’architecte des bâtiments de France dans le respect du règlement et de l’esprit de la Z.P.P.A.U.P.

 

II - La démarche

 

Définition des enjeux et des objectifs

 

La démarche consiste, dans un premier temps, à identifier les enjeux patrimoniaux sur le territoire d’une ou de plusieurs communes, puis à fixer les objectifs à atteindre pour assurer la protection du patrimoine et mettre en œuvre les modalités d’une gestion raisonnée en fonction de la spécificité des lieux.

 

Identification du patrimoine : des patrimoines très diversifiés

 

L’étude du patrimoine passe par son identification, qu’il soit bâti ou non, urbain ou rural, ancien ou récent, majeur ou ordinaire, aggloméré ou dispersé, homogène ou disparate et qu’il y ait ou non présence de monument historique. Cette identification s’opère à la fois à travers l’observation et le repérage sur le terrain des éléments patrimoniaux et l’analyse historique des lieux qui permet d’appréhender l’organisation spatiale entre les édifices et les espaces publics, les cours privées, les jardins, les perspectives, les cônes de vue, le paysage environnant. Outre les qualités intrinsèques de ces espaces, l’étude doit également révéler leur rôle et les rapports qu’ils entretiennent entre eux. Cette “ radiographie ” des lieux doit faire apparaître, dans toute leur diversité, les caractéristiques à partir desquelles peut s’établir une hiérarchie entre les éléments du patrimoine à conserver, ceux pouvant être modifiés, ceux qui mériteraient d’être réhabilités, voire restitués à l’occasion d’un projet, évaluation qui implique des choix raisonnés et partagés tant par la commune que par l’État. Ces éléments de connaissance du cadre bâti et non bâti doivent également servir de référence aux futurs projets d’aménagements et de créations contemporaines.

 

Délimitation d’un périmètre adapté : des périmètres à géométrie variable

 

De cette mise en lumière de l’identité patrimoniale des lieux découlera la délimitation de la zone de protection dont le champ géographique doit répondre à une logique urbaine, architecturale et paysagère de protection et de mise en valeur. En fonction des caractéristiques locales, le périmètre peut être continu ou discontinu ; à savoir qu’il peut comprendre une aire centrale et des écarts qui correspondent à une adaptation fine aux particularités du territoire.

 

Rédaction d’un corps de règles

 

Afin d’assurer la bonne gestion et la mise en valeur des éléments patrimoniaux ainsi identifiés et classifiés, il est nécessaire que soit rédigé un corps de règles dont le contenu est approuvé par la commune et par l’État. Ce corps de règles porte sur l’aspect architectural, les matériaux, les implantations des constructions, les volumes, les hauteurs, les plantations, etc. Il comprend des prescriptions qui s’imposent aux pétitionnaires ainsi que des recommandations qui permettent d’orienter des choix de restauration ou d’aménagement sur lesquels se fondera l’architecte des bâtiments de France pour donner son avis. Des règles générales qui s’appliquent à l’ensemble du territoire concerné peuvent être complétées par des règles particulières propres à certains secteurs de la Z.P.P.A.U.P.

 

La possibilité de tester le règlement, avant enquête publique, est gage d’une bonne adéquation entre objectifs à atteindre et moyens à mettre en œuvre pour assurer une gestion réaliste du patrimoine.

 

 

III – Les acteurs et les partenaires

 

L’étude est conduite sous l’autorité du maire en étroite collaboration avec l’architecte des bâtiments de France. Son suivi est assuré par un groupe de travail composé à l’instigation du maire. Ce groupe, qui réunit les acteurs - notamment la municipalité, l’architecte des bâtiments de France, les chargés d’étude - ainsi que les partenaires concernés (direction régionale des affaires culturelles, direction départementale de l’équipement, direction régionale de l’environnement, etc.), a pour rôle d’analyser, d’enrichir puis d’entériner les propositions élaborées par l’équipe chargée de l’étude.

 

 

La municipalité et les habitants

 

   La municipalité, représentée par le maire, mais également les élus et les services techniques chargés de l’urbanisme sont les acteurs principaux tout au long de l’élaboration de la zone de protection du patrimoine architectural, urbain et paysager. La responsabilité de la commune est totalement engagée lorsqu’elle prend la décision, par délibération du conseil municipal, de la mise en place d’une telle démarche et qu’elle doit donner son accord final pour la création de la zone de protection. La volonté et l’investissement de la commune sont donc décisifs et essentiels pour qu’une telle démarche soit menée à bonne fin.

 

Si l’architecte des bâtiments de France assiste la municipalité dans la gestion des dossiers une fois la Z.P.P.A.U.P. créée, il n’en demeure pas moins que c’est à la municipalité de la faire vivre, de communiquer et de s’en servir comme document de référence. À cet effet, la mise en place d’une consultance architecturale est vivement conseillée afin d’assurer une bonne gestion du territoire (voir infra).

 

Les habitants, au travers ou non des associations, sont, en tant que connaisseurs et usagers des lieux étudiés, de précieux partenaires. C’est à eux que s’imposeront les prescriptions de la zone de protection du patrimoine architectural, urbain et paysager. Aussi, leur nécessaire sensibilisation en les associant à l’élaboration du document ne peut être que la garantie d’un développement durable de qualité de l’environnement bâti et non bâti. En ce sens, la mise en place d’une zone de protection du patrimoine architectural, urbain et paysager se révèle être un véritable outil pédagogique de découverte et de connaissance, voire de redécouverte, de reconnaissance et d’appropriation du patrimoine, témoin de l’identité culturelle d’une communauté dans sa richesse et sa personnalité.

 

L’architecte des bâtiments de France

 

Au sein du service départemental de l’architecture et du patrimoine, l’architecte des bâtiments de France est, en raison de ses qualités d’expert du patrimoine et de l’architecture, chargé par l’État de la gestion des espaces protégés suivants : abords de monuments historiques, secteurs sauvegardés, sites classés et inscrits et zones de protection du patrimoine architectural, urbain et paysager.  Il est, à ce titre et par sa bonne connaissance du terrain, l’autre acteur principal pour la mise en place d’une zone de protection du patrimoine architectural, urbain et paysager. Il accompagne la municipalité tout au long de l’élaboration du document sur lequel il aura à fonder ses avis conformes pour tous travaux de construction, de démolition, de déboisement et de modification de l’aspect des immeubles ou du paysage.

 

L’équipe chargée de l’étude

 

L’équipe chargée de l’étude de la zone de protection du patrimoine architectural, urbain et paysager est composée généralement d’un architecte libéral, et, selon la spécificité des lieux à étudier, d’un urbaniste, paysagiste, historien de l’art, archéologue, ethnologue, économiste, ou de tout autre spécialiste en tant que de besoin. Après avoir identifié et analysé le patrimoine, cette équipe doit élaborer des propositions de gestion soumises et discutées au sein du groupe de travail.

 

La direction régionale des affaires culturelles

 

La direction régionale des affaires culturelles, à travers ses services patrimoniaux – inventaire, monuments historiques, archéologie, ethnologie – est un partenaire précieux en tant qu’elle peut apporter son concours scientifique et technique sur le plan de la connaissance du territoire et de la méthodologie d’approche, d’analyse et de restitution de ce même territoire. Le conseiller pour l’architecture assure en son sein la coordination de la politique régionale des Z.P.P.A.U.P.

 

En tant que gestionnaire des subventions de l’État qui participe au financement des étude, la direction régionale des affaires culturelles assure l’élaboration et le suivi administratifs des dossiers de Z.P.P.A.U.P., notamment  leur présentation devant la commission régionale du patrimoine et des sites.


 

La commission régionale du patrimoine et des sites


                Placée sous l’autorité du préfet de région et composée de trente membres (représentants des administrations de la culture, de l’environnement et de l’équipement, élus, personnalités scientifiques et représentants d’associations), la commission régionale du patrimoine et des sites est chargée d’émettre un avis sur les projets de création de zones  de protection du patrimoine architectural, urbain et paysager ainsi que sur les propositions d’inscription et de classement d’édifices au titre des monuments historiques. Elle est également amenée à se prononcer sur les demandes d’autorisations de travaux en espaces protégés, notamment en Z.P.P.A.U.P., en cas de recours contre l’avis de l’architecte des Bâtiments de France.

 

Les autres services compétents

 

La Z.P.P.A.U.P. étant une servitude d’utilité publique qui s’impose aux documents d’urbanisme, notamment aux plans locaux d’urbanisme, il est utile d’associer à l’étude la direction départementale de l’équipement.

 

De même, pour tout ce qui touche à l’espace paysager, la direction régionale de l’environnement ainsi que la direction départementale de l’agriculture et de la forêt sont des partenaires privilégiés en tant que responsables de la gestion de l’aménagement du territoire.

 

Selon les enjeux identifiés et la spécificité des lieux étudiés, tout autre service, telles par exemple les chambres consulaires, peut être associé en tant que de besoin.

 

 

IV – Les modalités de la démarche : procédure et financement

 

La décision d’engager une étude de zone de protection du patrimoine architectural, urbain et paysager appartient au conseil municipal. Celui-ci choisit le ou les chargés d’étude après mise en concurrence simplifiée ou selon la procédure d’appel d’offres, ouvert ou restreint, obligatoire pour un montant supérieur à 200 000 euros HT.

 

Le financement de l’étude est assuré par la commune, maître d’ouvrage, qui reçoit une subvention de l’État via des crédits gérés par la direction régionale des affaires culturelles. Le montant de cette subvention correspond généralement à la moitié du coût global de l’étude. D’autres subventions venant de l’Union européenne et des collectivités territoriales peuvent être octroyées en fonction des politiques menées par les Conseils régionaux et généraux.

 

En tant que servitude d’utilité publique, le dossier de Z.P.P.A.U.P. doit être soumis à enquête publique selon les modalités du code de l’expropriation. Cette consultation de la population est l’occasion d’organiser des réunions publiques d’information ainsi qu’une exposition présentant les résultats de l’étude.

 

Aux vues des conclusions du commissaire enquêteur accompagnées de l’avis du conseil municipal et de l’avis de synthèse des services concernés, la commission régionale du patrimoine et des sites se prononce sur le dossier de zone de protection du patrimoine architectural, urbain et paysager. À l’issue de cette consultation de la commission régionale et de l’accord final du conseil municipal, le préfet de région prend l’arrêté de création de la zone de protection du patrimoine architectural, urbain et paysager. Celle-ci prend ses effets juridiques dès lors qu’elle est publiée au recueil départemental des actes administratifs,  mentionnée dans deux journaux locaux et annexée aux documents d’urbanisme.

 

 

V - Gestion de la Z.P.P.A.U.P.

 

Z.P.P.A.U.P. et documents d’urbanisme

 

En tant que servitude d’utilité publique au sens de l’article L. 126-1 du code de l’urbanisme, le document de zone de protection du patrimoine architectural, urbain et paysager est annexé au plan local d’urbanisme (P.L.U.), anciennement plan d’occupation des sols. Les servitudes d’utilité publique étant immédiatement opposables, il convient donc de veiller à la cohérence et à la complémentarité de l’ensemble des règles, en évitant que le plan local d’urbanisme et la servitude de Z.P.P.A.U.P. ne contiennent des dispositions contradictoires. Les dispositions de la Z.P.P.A.U.P. complètent et précisent celles du P.L.U., notamment en termes qualitatifs pour ce qui concerne l’aspect extérieur des bâtiments, leur emprise au sol et leur hauteur, les espaces libres ; toutefois elles ne doivent pas être fondues dans les articles du P.L.U. Les deux documents, P.L.U. et Z.P.P.A.U.P., doivent en effet garder leur propre autonomie car de nature différente sur le plan juridique, le P.L.U. pouvant être modifié ou mis en révision sur simple délibération du conseil municipal, la Z.P.P.A.U.P. pouvant être également révisée - mais non modifiée - et pour ce faire nécessite l’accord de l’État. Néanmoins, pour des raisons de gestion cohérente du territoire, les deux documents, outre qu’ils doivent être compatibles - ce qui entraîne bien souvent une modification, voire une révision du plan local d’urbanisme -, doivent faire des renvois de l’un à l’autre.

 

En l’absence de P.L.U., le règlement national d’urbanisme s’applique. La mise en place d’une Z.P.P.A.U.P. peut être alors l’occasion d’élaborer une carte communale qui peut ensuite aboutir à l’établissement d’un P.L.U.

 

 

Z.P.P.A.U.P. et autres servitudes de protection

 

Les abords de monuments historiques

 

Afin de répondre à la volonté de gérer de façon cohérente et en partenariat le patrimoine naturel et bâti d’un même territoire, l’un des principaux objectifs de la création de la procédure des Z.P.P.A.U.P. a été d’améliorer le dispositif des abords de monuments historiques. Cette notion d’abords correspond à l’idée qu’un édifice protégé au titre de la loi du 31 décembre 1913 sur les monuments historiques est indissociable de son environnement proche. Aussi, toute protection -  inscription ou classement - d’un bâtiment au titre de cette loi engendre systématiquement autour de celui-ci un périmètre de cinq cents mètres au sein duquel tous travaux de construction, démolition, transformation, déboisement, sont soumis à l’avis de l’architecte des Bâtiments de France.

 

Aussi, la mise en place d’une Z.P.P.A.U.P. permet-elle de suspendre les effets de la servitude des abords en créant un nouveau contour qui prend en compte la spécificité des lieux accompagné d’un ensemble de règles pour assurer la gestion cohérente des espaces.

 

 

Les monuments historiques

 

En revanche, la création d’une zone de protection du patrimoine architectural, urbain et paysager est sans incidence sur la gestion même des immeubles inscrits ou classés parmi les monuments historiques qui demeurent assujettis à leur propre régime d’autorisations de travaux.

 

Les sites

 

En tant qu’elle donne des orientations et définit un cahier de gestion de l’espace, la zone de protection du patrimoine architectural, urbain et paysager remplace les zones de protection du titre III instituées par la loi du 2 mai 1930 et suspend les effets des sites inscrits au titre de cette même loi (articles L. 341-1 à L. 341-22 du Code de l’environnement) dès lors qu’ils sont compris dans son périmètre.

 

En revanche, les sites classés conservent leur propre régime d’autorisation de travaux demeuré de la compétence de l’État, soit au niveau du ministre chargé des sites pour les permis de construire, les permis de démolir et les travaux d’importance, soit au niveau du préfet de département. Pour des raison de cohérence de gestion, il est recommandé d’assurer la complémentarité des protections, à savoir de ne pas inclure un site classé dans une zone de protection du patrimoine architectural, urbain et paysager.

 

 

Les secteurs sauvegardés

 

En termes de complémentarité, la Z.P.P.A.U.P. peut utilement accompagner un secteur sauvegardé, document d’urbanisme dont les objectifs, fixés par la loi du 4 août 1962 (articles L. 313-1 à L. 313-3, R 313-1 à R 313-23 du Code de l’urbanisme), sont la sauvegarde et la mise en valeur de centres anciens au patrimoine architectural et urbain particulièrement riche de villes historiques. Les quartiers d’urbanisation plus récente, les faubourgs, le paysage environnant qui prolongent ces centres historiques peuvent être gérés par une zone de protection du patrimoine architectural, urbain et paysager qui, à l’inverse d’un secteur sauvegardé, n’a pas vocation à prendre en compte les intérieurs d’immeubles. Une Z.P.P.A.U.P. peut également préfigurer un secteur sauvegardé.

 

 

Régime des autorisations de travaux

 

Lorsque la zone de protection du patrimoine architectural, urbain et paysager est créée, tous travaux de construction, de démolition, de déboisement et de modification de l’aspect des immeubles sont soumis à autorisation selon les dispositions du Code de l’urbanisme (permis de construire, permis de démolir, déclaration de travaux, installations et travaux divers). L’autorisation est accordée par le maire lorsque le plan local d’urbanisme est approuvé (sinon par le préfet), après avis conforme de l’architecte des bâtiments de France fondé sur les prescriptions et les recommandations de la  Z.P.P.A.U.P.

 

Pour ce qui concerne la publicité, la loi du 29 décembre 1979 (articles L. 581-1 à L. 581-45) interdit toute publicité dans les zones de protection du patrimoine architectural, urbain et paysager. Toutefois, il peut être dérogé à cette règle par l’institution d’un règlement local de publicité se traduisant par la création d’une zone de publicité restreinte élaborée sous la conduite du maire parallèlement à la mise en place de la Z.P.P.A.U.P. Quant aux enseignes, elles sont soumises à l’autorisation du maire après avis de l’architecte des bâtiments de France au titre de la loi précitée.

 

 

Possibilité de recours

 

En cas de désaccord lors de l’étude de dossiers entre le maire et l’architecte des bâtiments de France, le maire peut solliciter l’avis du préfet de région qui consulte au préalable la commission régionale du patrimoine et des sites. L’avis du préfet se substitue alors à celui de l’architecte des bâtiments de France.

 

Le ministre de la culture peut en outre évoquer tout dossier d’autorisation de travaux dont l’architecte des bâtiments de France ou le préfet de région est saisi.

 

Consultance architecturale

 

La mise en place d’une consultance architecturale confiée soit à l’un des membres de l’équipe chargée de l’étude de Z.P.P.A.U.P., soit à tout autre professionnel ayant des compétences en matière de patrimoine architectural, urbain et paysager, permet d’assurer une gestion suivie et cohérente du territoire.

 

 

VI – Les actions opérationnelles : avantages fiscaux et aides financières

 

La mise en place d’une zone de protection du patrimoine architectural, urbain et paysager ne prend tout son sens que dans une dynamique de mise en valeur du  territoire concerné à travers une politique de développement local. La Z.P.P.A.U.P. constitue alors l’un des documents de référence qui guide les différentes actions qui peuvent être engagées conjointement et offre des avantages financiers (subventions, défiscalisations).

 

 

 

Le périmètre de restauration immobilière

 

En tant que procédure d’aménagement dont l’objectif est de favoriser la réhabilitation complète d’immeubles vétustes, le périmètre de restauration immobilière est un outil de revalorisation d’un secteur qui peut s’inscrire dans une stratégie plus globale de revitalisation de tout un quartier grâce à son mécanisme juridiquement contraignant. Ainsi, à compter de la création de la Z.P.P.A.U.P. et au sein d’un périmètre délimité par délibération du conseil municipal, les travaux de restauration complète par immeuble concerné font l’objet d’une déclaration d’utilité publique et sont soumis à une autorisation spéciale de travaux délivrée par le préfet. La nature de ces travaux doit être conforme aux prescriptions de la Z.P.P.A.U.P., compatible avec ses recommandations  et avoir reçu le visa de l’architecte des bâtiments de France.

 

L’initiative de ces travaux revient soit à la collectivité publique, soit à un établissement public d’aménagement, soit à une société d’économie mixte chargée de l’opération par convention ou concession, soit à un organisme d’habitation à loyer modéré habilité à réaliser des opérations d’aménagement ou encore à des propriétaires qui possèdent un immeuble complet ou groupés en association foncière urbaine.

 

Les travaux de restauration immobilière entrepris par les propriétaires bailleurs s’engageant à louer les locaux à usage d’habitation principale pendant une durée minimale de six ans, bénéficient d’un régime fiscal privilégié : à savoir qu’ils peuvent être inclus dans les charges foncières, les déficits fonciers étant alors déductibles, sans limite de plafond, du revenu global des personnes physiques.

 

 

Les opérations programmées d’amélioration de l’habitat

 

En Z.P.P.A.U.P., ce dispositif incitatif peut être utilisé comme volet opérationnel cohérent de traitement et de revitalisation de l’habitat. Il peut venir également en complément d’un périmètre de restauration immobilière. Une étude pré-opérationnelle d’opération programmée d’amélioration de l’habitat en Z.P.P.A.U.P. gagne beaucoup à intégrer un volet patrimonial élaboré à l’appui des éléments de connaissance et des prescriptions établis par la Z.P.P.A.U.P., volet pour lequel un document-cadre a été édité par l’Agence nationale pour l’amélioration de l’habitat.

 

 

Les travaux d’intérêt architectural

 

Les subventions octroyées aux propriétaires bailleurs par l’Agence nationale pour l’amélioration de l’habitat peuvent en outre être déplafonnées au titre des travaux d’intérêt architectural sur la base d’un dossier visé par le service départemental de l’architecture et du patrimoine, même hors opération programmée d’amélioration de l’habitat.

 

De même l’État peut octroyer des subventions aux bailleurs sociaux pour les aider à prendre en compte les surcoûts liés au respect de la qualité architecturale des bâtiments dans les opérations d’acquisition-amélioration et dans les travaux de réhabilitation.

 

 

Les ravalements de façades

 

Dans le cadre de la prise de conscience de l’intérêt et de la qualité architecturale du bâti, la municipalité peut inciter les propriétaires, bailleurs ou occupants, à entreprendre des travaux de ravalement par le biais de subventions que peuvent abonder d’autres collectivités – conseil général, conseil régional.

 

 

Les aménagements urbains

 

La mise en place d’une zone de protection du patrimoine architectural, urbain et paysager est l’occasion de requalifier et de mettre en valeur des lieux dégradés, notamment des espaces publics appropriables par tout un chacun. De tels travaux d’aménagement peuvent, sur proposition de l’architecte des bâtiments de France, être subventionnés grâce à des crédits gérés par la direction régionale des affaires culturelles.

 


 

VII – Articulation avec d’autres démarches

 

Les villes et pays d’art et d’histoire

 

L’existence d’une zone de protection du patrimoine architectural, urbain et paysager sur le territoire d’une ou de plusieurs commues constitue indéniablement une reconnaissance de qualité susceptible de renforcer l’attractivité touristique des lieux. En témoigne le fait que des réseaux nationaux, comme celui des “ Villes et pays d’art et d’histoire ” incitent l’adhésion de la ou des communes à l’existence d’une Z.P.P.A.U.P. et réciproquement. Il en est de même pour des réseaux régionaux comme celui des “ petites cités de caractère ”.

 

Le label “ Villes et pays d’art et d’histoire ” est attribué par le ministère de la culture aux collectivités qui s’engagent à valoriser et faire connaître leur patrimoine à travers des actions de sensibilisation se traduisant notamment par la mise en place d’expositions et de circuits de visites-découvertes confiés à des animateurs du patrimoine et à des guides-conférenciers recrutés sur sélection conjointe du ministère et des collectivités.

 

Les pôles d’économie du patrimoine

 

La création d’une zone de protection du patrimoine architectural, urbain et paysager peut trouver des prolongements dans des politiques locales de développement tels que les pôles d’économie du patrimoine initiés par la Délégation à l’aménagement du territoire et à l’action régionale. Basés sur une logique territoriale de développement économique global, les projets doivent structurer leur démarche à partir du patrimoine au sens large du terme, c’est-à-dire au-delà de la seule évocation historique, architecturale ou ethnographique, et associer l’ensemble du corps social local et du tissu économique.

 

 

Les parcs naturels régionaux

 

La mise en place de Z.P.P.A.U.P. peut également s’inscrire au sein de la politique des parcs naturels régionaux, politique contractuelle entre l’État, ministère de l’environnement et de l’aménagement du territoire, et les régions, qui vise à protéger et à mettre en valeur le patrimoine naturel et culturel en associant les différents acteurs publics, les associations ainsi que les partenaires socioprofessionnels concernés.

 

VIII - À qui s’adresser ?

 

Au niveau départemental : aux services départementaux de l’architecture et du patrimoine au sein desquels sont affectés les architectes des bâtiments de France.

 

Au niveau régional : aux directions régionales des affaires culturelles.

 

Au niveau national : au ministère de la culture et de la communication, direction de l’architecture et du patrimoine.

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

IX – Bibliographie

 

Textes officiels

 

Loi N° 83-8 du 7 janvier 1983 modifiée relative à la répartition des compétences entre les communes, les départements , les régions et l’Etat, articles 70 à 72.

 

Décret N° 84-304 du 25 avril 1984  modifié relatif aux zones de protection du patrimoine architectural et urbain ;

 

Circulaire N° 85-45 du 1er juillet 1985 relative aux zones de protection du patrimoine architectural et urbain ;

 

Loi N°93-24 du 8 janvier 1993 modifiée relative à la protection et à la mise en valeur des paysages, article 6 ;

 

Loi N°97-179 du 28 février 1997 relative à l’instruction des autorisations de travaux dans le champ de visibilité des édifices classés ou inscris et dans les secteurs sauvegardés ;

 

Décret N° 99-78 du 5 février 1999 relatif à la commission régionale du patrimoine et des sites et à l’instruction de certaines autorisations de travaux ;

 

Circulaire du 4 mai 1999 relative aux conditions d’application du décret N° 99-78 du 5 février 1999.

 

Ouvrages

 

Diane de BELLESCIZE , “ De l’ancienne à la nouvelle législation sur la protection du patrimoine architectural et des sites : les zone de protection du patrimoine architectural et urbain (Z.P.P.A.U.) ”, dans Revue de Droit public et de la science politique en France et à l’étranger, mai - juin 1986, p. 771-813.

 

Jean-Claude BOUZELY, “  les zone de protection du patrimoine architectural et urbain ”, dans Revue administrative, mai - juin 1986, p. 282 - 284.

 

Hyacinthe LENA, “ La protection du patrimoine architectural et urbain ”, dans Urbanisme, mars 1987, p. 128 -134.

 

André-Hubert MESNARD, “ Anciens et nouveaux lieux de concertation en matière d’abords des monuments historiques, de sites et de patrimoine ”, dans Revue juridique de l’environnement, n° 1 / 1989, p. 17- 31.

 

Les zone de protection du patrimoine architectural et urbain, actes du colloque coordonnés par Pierre-Laurent Frier, Angers, Presses de l’université d’Angers,1990 , 212 p., multigr.

 

Z.P.P.A.U. : du projet à la règle, actes du colloque, Quimper, 1991 ; Paris, éd. du service technique de l’urbanisme, 1992, 164 p.

 

“ Le paysage, patrimoine et enjeu de développement ”, actes du colloque, Assemblée nationale, 1992, dans n° spécial de l’Environnement magazine, 1992, p. 88 et suiv.

 

Pierre-Laurent FRIER, Droit du patrimoine culturel, Paris, éd. Presses universitaires de France, 1997, 526 p.

 

Protection du patrimoine historique et esthétique de la France. Texte législatifs et réglementaires. Paris, direction des Journaux officiels, 1997, 664 p.

 

Intervenir en quartiers anciens, Paris, éd. Le Moniteur, coll. Guides, 2000, 541 p.

 

 

 

 

 

 

 

LA PROCÉDURE

Décision de mise à l’étude par le Conseil municipal

 

Information du public

 

Élaboration du projet

 

Avis du Conseil municipal

 

Présentation à la commission régionale du patrimoine et des sites

 

Transmission au préfet de département

 

Mise à l’enquête publique

 

Transmission au préfet de région

 

Avis de la commission régionale du patrimoine et des sites

 

Accord définitif du Conseil municipal

 

Création de la Z.P.P.A.U.P. par arrêté du préfet de région

 

Publication et insertion dans la presse